Mai a dix-huit ans. Daniel, son père, organise une grande fête sur la plage, dans cette île jamais nommée où ils vivent, en bordure de la mer des Caraïbes et du golfe du Mexique. Il a invité les amis de Mai, sa famille. Mais cette réunion près de la mer, c’est aussi ce rendez-vous auquel Marie-Claire Blais convie l’humanité tout entière dans ce dixième et dernier volet de la série Soifs, inaugurée en 1995.
C’est maintenant que le cycle est achevé qu’il est possible d’en saisir toute l’architecture. Au centre, il y a l’écrivain, Daniel, et ceux qui habitent son île: les enfants de la rue Bahama, qui chantent tous les dimanches dans l’église du pasteur Jérémy, les artistes fortunés, les réfugiés, les travestis du Saloon Porte du Baiser sur lesquels règne Yinn, l’idole intouchable. À partir de ce noyau se dessinent des cercles de plus en plus vastes, embrassant l’Amérique des tireurs fous et des luttes pour les droits civiques, embrassant les guerres et les catastrophes qui ont secoué le dernier siècle, et aussi toutes ces figures d’artistes et de militants qui ont apporté la joie et la lumière à travers leurs œuvres ou leurs actions.
Les lecteurs des premiers volumes retrouveront les personnages qu’ils ont aimés, Renata, l’avocate, Augustino, le fils de Daniel dans son exil inconnu, Carlos, qui sort de prison, parce qu’il a été faussement accusé d’avoir voulu tuer Lazaro, le voleur de voitures, Fleur, l’enfant musicien de la rue qui fait maintenant une grande carrière en Europe. Ils retrouveront surtout l’immense phrase de Marie-Claire Blais, qui nous emporte et qui relie tous les êtres, bons ou méchants, d’hier et d’aujourd’hui, d’ici et d’ailleurs, dans la même unique, pitoyable et grandiose humanité.
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Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque