Avec cette somme sur la nature du langage, Charles Taylor offre à ses lecteurs le livre qui était présent en arrière-plan de ses travaux précédents, notamment Les Sources du moi et L’Âge séculier. En s’appuyant sur quatre décennies de réflexions et de recherches, il démontre comment, grâce au langage, l’être humain se découvre et se révèle au monde et aux autres.
Au cours de sa longue histoire, la philosophie occidentale s’est divisée en deux camps à propos de la nature du langage. Pour les rationalistes et les empiristes — Hobbes, Locke et Condillac —, le langage est un mode de traitement de l’information qui permet aux humains de s’orienter dans le monde. Ces théories permettent certes d’expliquer comment nous arrivons à emmagasiner un nombre impressionnant de connaissances, mais leur intellectualisme repousse à la marge le potentiel d’inventivité du langage.
À l’inverse, les théories «constitutives» du langage insistent sur les représentations artistiques, les gestes, les intonations de la voix, les métaphores, bref, toutes les manifestations de l’être humain qui débordent le cadre restreint du traitement de l’information. Aussi le langage est-il constitutif du fait qu’il s’acquiert et se développe en commun. Inspiré par les romantiques, à commencer par Herder, Charles Taylor voit dans le langage une conscience collective du monde possédant une rationalité et un mode d’être qui lui sont propres. En cela, il se montre fidèle à l’ensemble de son oeuvre philosophique qui, quel que soit le sujet abordé, situe l’être humain dans un contexte historique et culturel d’où émerge la question du sens.
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Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque