Deux millions deux cents mille prisonniers aux États-Unis. Cinquante mille enfants derrière les barreaux traduits en justice devant des tribunaux pour adultes. Trente-deux mille mineurs incarcérés chaque année dans des prisons adultes. Ce sont seulement des chiffres, ni des noms ni des visages.
Pourtant, de temps en temps, un héros s’extrait du monde froid des statistiques pour montrer sa tête et crier haut et fort son patronyme : c’est l’exploit qu’a réalisé Reginald Dwayne Betts. Condamné à l’âge de seize ans à en passer huit dans les quartiers de haute sécurité pour un crime dont il était coupable. Trente minutes ont suffi pour anéantir l’avenir de cet adolescent, pauvre mais brillant et scolarisé.
Le besoin de témoigner de sa propre histoire et de dire l’impact de la prison et du regret lui inspire des ghazals – ces poèmes arabes tout à la fois chants d’amour et cris de désespoir – où le mot prison est maintes fois répété mais aussi les silences et le vide persistant entre les hommes et les chiffres et les lois. Nombreux sont les poètes sauvés par leur vocation. Reginald Dwayne Betts a lui été sauvé du rouleau compresseur des statistiques qui broie en masse des milliers de mineurs – principalement noirs – dans un système carcéral industrialisé.
Écouteur une entrevue en profondeur avec l’auteur (en anglais) :
Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque