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Le mou dégoûte, effraie, agace. Indécis et inconstant, il nous renvoie à notre propre dégénérescence. De la pieuvre à la morve en passant par l’apathie du flemmard, il indispose. Mais cette mollesse tant décriée est également matière de transition, elle évoque la fluidité, le flottant et la douceur, le réconfort d’un beignet moelleux. Et le temps du relâchement et de la contemplation n’est-il pas celui de la pensée créatrice ? Le mou est souple, insaisissable… dissident !

Sa réhabilitation, pourtant, n’est pas évidente. Les philosophes mènent la vie dure au mou : ainsi Alexis de Tocqueville conspue-t-il la « mollesse des mœurs » de l’homme démocratique, abêti et conformiste, et la fin des émotions nobles et brillantes. Jean-Jacques Rousseau n’est pas tendre non plus, lui qui déplore que les enfants soient « amollis avant que de naître par la mollesse des pères et des mères, [d’]un tempérament déjà gâté ». Aujourd’hui encore, l’adolescent avachi dans son canapé inspire impatience et crispation.

De la mozzarella au laxisme, de l’impuissance au jogging, du coup de mou au pouvoir de l’informe, la philosophe Géraldine Mosna-Savoye cherche dans cet essai à redonner sens et valeur au mou.

Cote : 179.8 M912f

Lire un compte-rendu publié par Philosophie Magazine.

Écouter une entrevue avec l’autrice diffusée par Radio France.


Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque