Un enfant, la nuit, dresse la liste de ses monstres et de ses peurs. Une guerre éclate, et puis une autre, qui traversent le temps, brouillent les époques, laissent planer une menace persistante. Les arbres poussent leurs branches dans le sol, et les oiseaux installent leurs nids sur les têtes qui tombent, elles, vers le haut.
Dans Les coeurs de pomme et leur syntaxe, inversions, élisions, traductions et autres manipulations langagières forgent un univers où le désir règne et où le danger rôde. On s’y empoisonne, on y meurt par accident, d’une balle perdue, dans un attentat, sous la rigidité des lois qui contraignent les enfants : « Poussez, tulipes ! mais poussez comme on vous l’a montré ». On s’y invente des voyages à la finalité incertaine, on y réalise des fantasmes de rébellion, on se soustrait aux règles sociales et morales.
Avec un recueil éclectique, qui voudrait embrasser toutes les oppositions – lyrisme et formalisme, autobiographie et fiction, humains et animaux, scénarios ludiques et événements graves -, Gabriel Kunst nous offre un premier livre où le chemin du coming of age est sinueux, résolument intertextuel, hanté des fantômes de l’histoire mondiale, jalonné de personnages inventés.
Feuilleter un extrait de ce recueil.
Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque