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La Tache  

L’auteur américain Philip Roth nous raconte l’histoire de Coleman Silk, professeur d’université respecté jusqu’à ce qu’il soit forcé, en 1996, de prendre sa retraite. Accusé à tort d’avoir tenu des propos racistes anti-noirs envers deux étudiants, nous découvrons bien vite que Silk est lui-même un noir à la peau claire s’étant fait passer toute sa carrière pour un blanc.

À travers le récit de Silk raconté à Nathan Zuckerman, narrateur et alter ego de Roth, ce dernier dresse un portrait lucide d’une Amérique puritaine, plongée dans le « politiquement correct ». Avec ce roman à la fois drôle et tragique et à la construction littéraire étonnante, Roth nous invite à retrouver la tache qui est « en chacun de nous ».

 

Le Joueur d’échecs

Nul besoin d’être maître aux échecs pour apprécier cette nouvelle où M.B., le protagoniste, est fait prisonnier en 1938 par les nazis. Confiné à sa chambre d’hôtel viennoise, on lui retire toute source de stimulation : lectures, crayons, papier… Sous la pression de la solitude la plus complète, il tente de conserver son intégrité psychologique. Pour ce faire, il subtilisera un livre à l’un de ses bourreaux : c’est un manuel d’échecs dont il apprendra toutes les parties par cœur. Bien vite, s’inventant un adversaire, il tente de jouer mentalement contre lui-même. Ce dédoublement psychique le plongera dans une démence schizophrénique.

Stefan Zweig dépeint de façon magistrale les méandres de la psyché d’un homme qui fait tout pour ne pas sombrer dans la folie. Difficile de ne pas comparer cette histoire à celle de l’auteur lui-même, qui se donnera la mort quelques mois après la rédaction de ce roman, impuissant face à la barbarie dans laquelle Hitler aura plongé l’Europe.

 

Les mémoires d’Hadrien 

Publié en 1951, le roman Les Mémoires d’Hadrien raconte les mémoires fictives à saveur philosophique qu’adresse l’empereur Hadrien, dont le règne sur Rome s’étend de 117 à 138, à son successeur Marc Aurèle. Hadrien sait que la mort approche. Il offre à Marc Aurèle le fruit de ses méditations sur les événements marquants de son existence. Il évoque sa jeunesse modelée par la culture grecque, son grand amour pour le jeune Antinoüs, son règne passé à unifier son empire et à cultiver l’ouverture aux autres cultures. Ce travail d’introspection nous dévoile un empereur imprégné des philosophies épicurienne et stoïcienne.

Cette œuvre magistrale de Marguerite Yourcenar témoigne d’une culture époustouflante, d’un souci de la vraisemblance historique, d’un esprit rigoureux et d’une plume raffinée. On découvre derrière le masque de l’empereur un homme en proie aux mêmes passions et aux mêmes doutes que le commun des mortels. Dans son roman, Yourcenar scrute avec clairvoyance l’âme humaine à travers une figure majeure de l’histoire antique.

 

Catherine Guindon, Professeure, Département de philosophie


Les lectures de…

Une série d’articles sur les lectures et coups de cœur de la communauté.

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