Mémoire d’un temps suspendu
Ces Récits infectés donnent la parole à des autrices et auteurs qui tentent de prendre la mesure de la crise de la COVID-19, de ses aspects tragiques ou comiques, de ses désastres comme des utopies qu’elle a fait naître. Ils se demandent comment elle a agi et continue d’agir sur nous, puis la croise avec d’autres périodes noires, collectives ou plus intimes. Parce que toutes les grandes crises ont une chose en commun : elles révèlent le meilleur comme le pire de l’être humain.
Extraits
« Mais bon, comme c’était à prévoir, tout cela n’aura finalement été qu’un mirage, un miroir aux alouettes, un guet-apens pour désespérés fragiles, pour nihilistes mal équipés qui, comme tous les nihilistes, auront oublié de lire le fine print, et on comprend vite qu’ici, c’est comme là-bas, et comme ailleurs : les planqués, les fortunés, les gras durs et leurs petites semences esquivent, comme ils savent si bien le faire, la faux des invisibles moissonneurs qui, eux, en bons petits valets du capital, en ouvriers dociles et paresseux préfèrent raser les tout vieux, les bradés, les usés, les défraîchis, ceux, celles qui ne souhaitaient rien de plus que traverser, peut-être, un autre été, les pauvres vieux donc, mais aussi les autres pauvres, le genre, la catégorie : celles qui suent, ceux qui puent, les lumpens et les légions de femmes-martyres, tous ces désunis qui ne dînent pas au château. » – Nicolas Chalifour
« La salle d’attente est vide. Il n’y a presque plus de patients à l’urgence psychiatrique. Je retire mon habit de vélo, revêt ma tenue de psychiatre. J’ai oublié mes souliers à la clinique. Je garde mes souliers de vélo. L’assistante infirmière m’apporte un masque, une visière. Je ne ressemble pas à une psychiatre avec mon habit mi-cycliste, mi-matériel de protection. Je m’ennuie sans patient. J’essaie de parler à quelqu’un, jase un peu avec l’infirmier au triage qui regarde des vidéos sur Youtube. Une jeune femme masquée s’avance vers moi. J’ai un mouvement de recul, comme si je rencontrais un fantôme ou ma mère. » – Ouanessa Younsi
Cote : C843.0108 R2979
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Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque