Avec Rose et la machine, Maude Laurendeau retrace les étapes qui ont mené au diagnostic d’autisme de sa fillette, Rose, et nous entraîne avec elle dans les années qui ont suivi. Entre les absurdités d’un système déshumanisé et les rencontres extraordinaires qui ont parsemé son chemin, elle parvient à rendre compte avec lucidité des obstacles hallucinants qui attendent les familles et les personnes ayant des besoins particuliers.
Si cette pièce se lit comme un cri du cœur pour que l’humain retrouve sa place au centre du système, elle parvient également à faire réfléchir sur ce qui se cache derrière notre idée collective de la « normalité ». Avec un humour parfois tendre, parfois grinçant, Maude Laurendeau nous replace face à nos propre préjugés, nos propres réflexes et appelle à davantage de solidarité et d’ouverture.
Février 2017
Depuis quelques jours, j’te regarde différemment.
C’est comme si mes lectures te dépossèdent de tout ce que j’aime de toi.
Comme si ton trouble dicte chacun de tes gestes, te résume, t’avale.
Même mes souvenirs sonnent faux.
J’ai en tête un moment précis, une fête d’amis dans un parc. T’avais deux ans.
Les enfants de ton âge jouaient dans l’herbe tout près de leurs parents.
Pas toi.
Non. Toi, t’avais un autre plan.
Courir le plus loin possible, en riant.
Courir jusqu’au bout du monde sans jamais te retourner, et regarder avec émerveillement ton ombre t’imiter.
Je me souviens de te voir filer et de te trouver belle et tellement libre. Je me souviens de te comparer aux autres petits et de te trouver game. Je me souviens de penser que j’avais clairement réussi à te donner assez confiance pour que tu sois capable de t’éloigner comme ça sans crainte.
Aujourd’hui je me trouve conne. Conne de pas avoir vu que c’était pas normal. Conne d’avoir pris ton autisme pour de l’indépendance. Conne d’en avoir été fière.
Feuilleter un extrait de cette pièce de théâtre.
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Source: Rosalie Méthot, Bibliothèque