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Le petit livre des couleurs

Le petit livre des couleurs de Michel Pastoureau fut, pour moi, une belle découverte des dernières années. Pastoureau est un historien et anthropologue qui s’est spécialisé dans un des nouveaux champs de l’histoire moderne : l’histoire thématique. Le thème de prédilection de Pastoureau est celui des couleurs.

L’auteur s’entretient dans ce livre avec le journaliste Dominique Simonnet sur l’histoire, la symbolique et la signification de six couleurs de base et de cinq «demi-couleurs». Dans ce bouquin, nous apprenons par exemple que le bleu était considéré comme une couleur vulgaire pour les Romains de l’Antiquité, car les Germains avaient les yeux de cette couleur. Le bleu ne sera réhabilité qu’au XIIe siècle. Toujours pour les Romains, le rouge, couleur de la planète Mars et du dieu de la guerre, était la couleur de la virilité masculine. Ce n’est que lors de la Renaissance que cette couleur deviendra une couleur propre au stéréotype de l’univers féminin, confinant les hommes à porter une palette de couleur très réduite (le bleu, le gris, le noir et le brun).

Depuis que j’ai lu cette petite plaquette de 121 pages, je ne vois plus les couleurs de la même manière. Michel Pastoureau a aussi par le passé écrit des analyses plus consistantes sur le vert, le bleu et le noir.

Les Romanov, une dynastie sous le règne du sang

Hélène Carrère d’Encausse, historienne et membre depuis 1991 de l’Académie française et, pour les mordus de potins, mère d’Emmanuel Carrère, est à mon avis, la plus grande historienne de langue française spécialisée sur la Russie. Depuis 1966, elle a écrit plus de 28 livres portant sur diverses facettes de l’histoire russe et soviétique.

Dans ce livre, elle brosse une grande fresque de l’histoire de la famille royale russe : les Romanov. Ces derniers ont régné sur la Russie pendant plus de trois siècles. Michel, le premier de la lignée, est arrivé sur le trône en 1613 et le dernier, Nicolas II, fut exécuté par les Bolcheviks dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918.

Au-delà du récit chronologique de la vie des tsars de Russie, l’analyse fort bien écrite d’Hélène Carrère d’Encausse est très intéressante et intelligemment menée. Pour ceux qui désirent comprendre la Russie d’aujourd’hui, l’analyse de l’histoire politique des tsars prise en étau entre la tradition orientale et la modernité de l’Europe, c’est un bon point de départ. À lire !

Le nom de la rose

Le nom de la rose fut le premier et probablement le plus grand roman d’Umberto Eco. Cet écrivain prolifique a écrit une dizaine de romans et plus de 40 essais en linguistique, en philosophie et en sémiologie. Eco est décédé en février dernier à l’âge vénérable de 84 ans. Il était titulaire de la chair de sémiotique et directeur de l’École supérieure des Sciences humaines à l’université de Bologne.

L’action de ce roman se déroule dans un monastère bénédictin dans le nord de l’Italie en 1327. Un moine franciscain chargé d’une mission diplomatique et politique doit enquêter sur une succession de meurtre qui a été commis au monastère. Ce moine du nom de Guillaume de Baskerville (clin d’œil de l’auteur d’une contraction de Guillaume d’Ockham, intellectuel du Moyen Âge, et du roman d’Arthur Conan Doyle : Sherlock Holmes Le chien de Baskerville ) doit résoudre l’énigme rationnellement comme l’aurait fait son maitre à penser : Roger Bacon. Ce raisonnement ne sera pas celui de la majorité des moines qui, eux, y verront là la main du diable.

Au-delà de l’intrigue, qui est fort bien reprise dans le film du même nom de Jean-Jacques Annaud (1986), ce qui est intéressant dans le style d’Eco, c’est l’ensemble des digressions qui sont faites et qui nous amènent dans les méandres de l’histoire de la philosophie médiévale.

André Yelle, professeur d’histoire


Les lectures de…

Une série d’articles sur les lectures et coups de cœur de la communauté.

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